Quel état d’esprit pour nos décideurs ?

Je vous partage ici un retour d’expérience sur ce statu quo que l’on observe en France dès lors que l’on parle de changement, d’anticipation… de nouvelles technologies ou de nouvelles façon de travailler. C’est en quelque sorte un billet d’humeur face à l’inaction, à l’incapacité de faire osciller le système de manière durable.


Hier, 26 août 2020, les universités du Medef ont fait leur rentrée et, le matin Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, déclarait sur France-Inter que pour lui, il est clair que « la reprise n’est pas un être mystique qui arrive du ciel, il faut aller la chercher avec les dents. (…) On n’est pas là juste pour attendre le plan de relance du gouvernement les bras croisés, il y a aussi une part de responsabilité des patrons (…) On est dans une crise qui ne ressemble à rien et donc les économistes ne savent pas ce qui va se passer, et nous non plus. Mais un entrepreneur, par ADN, c’est quelqu’un d’optimiste ».

Il montre ainsi que les entreprises face à la crise sont prêtes pour… un plan de relance. Voir le replay de ce matin sur France-Inter de cet interview du 26 août 2020

Alors pourquoi la sensation dans les médias, dans les gestes quotidiens, d’un attentisme, d’un attenterrorisme pour reprendre les mots de Judicaël Paquet dans son post sur les entreprises françaises en hibernation face au Covid19 sans chercher à développer leur résilience d’entreprise.

Tout d’abord, un salarié sur trois se dit dépassé par la technologie, selon le dernier baromètre de la Cegos, l’appréhension de la technologie continue de s’amplifier dans le monde du travail… Face à la sortie de crise, l’enjeu est technologique et humain avant d’être économique.

Les transformations à mener en actionnant  les 10 critères de résiliences  des entreprises pour devenir acteur de notre sortie de crise sont omniprésentes dans la crise du Covid19.

Accompagner chacun dans une compréhension des enjeux technologiques, numériques et digitaux, mais aussi en regardant les alternatives pour que chacun vive dignement est de notre responsabilité collective.

Pourtant cette situation n’est pas nouvelle, je relevais en 2014 pour la première fois ce statu quo des décideurs face à l’arrivée de l’Agile comme outil de transformation des entreprises dans un essai pourquoi les employés aiment Scrum et pas les patrons.

Cet attentisme de nos managers, de nos organisations, je le constate dans chaque accompagnement des entreprises dans la mise en œuvre de leur management stratégique.

Je vous partage ici un retour d’expérience sur ce statu quo que l’on observe en France dès lors que l’on parle de changement, d’anticipation…


Etat d’esprit de nos décideurs : éléments de contexte

Les acteurs publics sont engagés dans des grands projets de dématérialisation et de transformation des systèmes d’informations (SI), pour accompagner le citoyen dans chacune de ses démarches et créer une SMART City, une ville intelligente et connectée.

Avant les acteurs publiques, les acteurs de la dématérialisation ont démarré une transformation profonde de leurs SI et une actualisation de leurs modes de fonctionnement. Les banques, les assurances, les fournisseurs d’énergie ou de télécommunications sont dans cette course au renouvellement des systèmes d’Information depuis plus de 10 ans.

Les prestations de développement, de maintenance, d’hébergement et d’exploitation sont sous-traitées par les acteurs publiques. Les intégrateurs doivent donc en même temps que leur propre transformation digitale intégrer les projets à différents stades du cycle de vie du système d’information des acteurs publics pour les accompagner dans la dématérialisation, dans leur transformation digitale.

Les intégrateurs peuvent intervenir en amont de la mise en œuvre d’une solution, sur les phases de conception et de maintenance, ou encore en aval pour l’exploitation de celle-ci et assurer tout ou partie des activités suivantes :

▪ Concevoir les SI, intégrer les solutions techniques et les progiciels, développer des solutions sur mesure 

▪ Acteur de la confiance numérique, il génère les parcours utilisateurs et les parcours clients comme les parcours citoyens

▪ Exploiter et maintenir des infrastructures et des applications sensibles 

▪ Assister les utilisateurs et les acteurs publics


Etats d’esprit de nos décideurs : tous concernés

Un salarié sur 3 se déclare dépassé par les nouvelles technologies. Cela inclut aussi nos décideurs.  Décideurs, managers, patrons sont frileux face à un changement qui remettrait en cause leur statut et leur rôle dans le management des entreprises ou du pays.

Cette transformation embarque chacun et touche à la culture, aux interactions, aux comportements, aux croyances… C’est un véritable changement des pratiques managériales, de la gestion du travail qui est en jeu. C’est pourquoi la transformation des pratiques managériales ne pourra s’opérer que par l’action, seule capable de faire bouger les représentations, de faire tomber les peurs, d’expérimenter de nouvelles postures.

La transformation est donc systémique, elle concerne tout à la fois les managers mais ne peut s’envisager sans participation du comité de direction ou des employés.

La transformation est profonde, elle requiert du temps mais a besoin, pour conserver son allant, de jalons pour célébrer sa progression. 

La transformation s’adresse à une population qui a déjà vécu plusieurs plans de transformation, qui se sent peu reconnue et doute de la réelle envie et de la capacité de la direction, ou de tout représentant stratégique, à progresser tous ensemble.


Etats d’esprit des décideurs : ce qui pèsent sur leurs épaules dans une transformation digitale ou numérique

  • Les managers doivent être reconnus pour leur leadership dans le domaine de l’IT, dans la capacité à fédérer et à aligner les équipes opérationnelles et le Management autour d’une vision d’entreprise. 
  • Les managers sont responsables de la création d’un meilleur endroit pour travailler afin d’attirer les talents de demain avec plus de reconnaissance, d’équité, de responsabilisation, d’autonomie et un style managérial de culture plus agile.

Tout cela renforce l’incertitude dans la prise de décision, la mise en œuvre du management stratégique dans lequel ils peuvent légitimement se demander s’ils ont encore une place vers un management 4.0


Comment agir sur l’état d’esprit de nos décideurs face à la transformation, face à toute crise ou face à ce monde VUCA

Les managers doivent expérimenter plusieurs postures et être accompagnés dans ce monde volatile et instable dans lesquels les repères des années 90 n’ont plus cours.

Pour ceux qui m’ont côtoyée dans des projets de transformations, mon leitmotiv est d’engager le management dans la définition de son ambition et d’amener chacun à préciser son intention pour …

Faire bouger les choses

  • Accorder une attention particulière à la culture d’entreprise, dans laquelle vos managers ont grandi et donc faire preuve d’empathie, de douceur, tout en invitant et en incitant au changement culturel agile 
  • Remettre l’humain au centre ainsi que l’esprit d’équipe avec un accompagnement collectif
  • Aligner les pratiques managériales avec les ambitions de l’entreprise
  • Fédérer les équipes avec une vision qui a du sens 
  • Proposer un programme prenant en compte la charge liée à l’activité, la complexité du changement en terme de culture
  • Identifier les facteurs clés de réussite de la mission d’accompagnement 
  • Alerter sur les facteurs de risque et les obstacles rencontrés 
  • Ancrer la culture agile et aider les équipes à être de plus en plus autonomes dans l’amélioration continue 
  • Proposer des initiatives visant à améliorer l’engagement et l’adhésion des managers vis-à-vis de la démarche 
  • Assurer un accompagnement adaptatif, lui même assujetti à l’amélioration continue via des rétrospectives et des rituels adaptés

Voilà pourquoi les entreprises doivent être accompagnées pour faire face à ce concept d’attenterrorisme qui consiste à attendre des jours meilleurs avant d’embaucher ou de prendre des prestataires.


Décideurs, votre meilleur arme face à

Face à un marché qui n’arrive pas à se relever, c’est d’aller chercher avec « vos dents » la foi et les ressources nécessaires à votre propre relance.

Geoffroy Roux de Bézieux (adaptation)

Merci Monsieur Geoffroy Roux de Bézieux de m’avoir soufflé ces mots et de votre soutien aux entreprises pour maintenir un bon état d’esprit chez les décideurs. Décideurs, mobilisez-vous et activez votre résilience !

Face à un marché qui ne parvient pas à se redresser, il est essentiel de trouver des alternatives efficaces au confinement traditionnel. Plutôt que de se reposer uniquement sur des mesures restrictives, il est possible d’adopter une approche proactive axée sur la relance et la mobilisation des ressources. Le soutien des décideurs est crucial pour maintenir un bon état d’esprit et favoriser la résilience des entreprises.

Plutôt que d’attendre passivement que la situation s’améliore, il est important d’adopter une attitude proactive. Il s’agit d’aller chercher activement les moyens nécessaires à la relance, en mobilisant toutes les ressources disponibles. Cela implique d’adopter une mentalité résiliente, de faire preuve de créativité et d’innovation, et de rechercher des opportunités malgré les difficultés.

En s’appuyant sur les conseils de Monsieur Geoffroy Roux de Bézieux, il est possible de trouver la foi et l’énergie nécessaires pour surmonter les obstacles. Il est important de se concentrer sur la recherche de solutions plutôt que de se laisser submerger par les problèmes. Les décideurs ont un rôle crucial à jouer dans cette démarche, en mobilisant leurs équipes, en instillant un état d’esprit positif et en encourageant l’initiative et l’adaptabilité.

Dans le rapport du Ministère de l’Éducation du Québec en avril 2019, le rapport identifie 12 dimensions numériques qui pose un cadre de référence pour challenger son organisation.

12 dimensions du numérique au 21ème siècle, source : Ministère de l’Education, Québec 2019

Auteure : Dominique popiolek-Ollé, Transmutation leader, Agile Executive Coach, Fondatrice de In Imago, conseil en management et transformation disruptive.