Et si ce nâĂ©tait pas le manque de sens⊠mais la perte des liens qui engluait lâĂ©quipe ? Claire invite Ă faire Ă©merger les affinitĂ©s, les absences, les liens vivants. Lâatelier de cartographie relationnelle, simple et debout, ouvre un espace inattendu.
Il y a des cartes que lâon nâapprend pas Ă lire.
Des liens qui ne figurent sur aucun organigramme,
des proximités discrÚtes, des courants souterrains,
des complicités anciennes, parfois dormantes.
Claire le sait : dans ce collectif englué,
les tensions visibles masquent des alliances éteintes, des affinités oubliées, des voix non sollicitées.
Alors elle propose un exercice.
Simple. Pas intrusif. Mais puissant.
Un cercle, des noms, et des mouvements
Chaque personne reçoit une grande feuille.
Au centre, elle écrit son propre prénom.
Puis, autour, elle note ceux de ses collĂšgues.
Et trace, Ă sa maniĂšre, les liens quâelle perçoit, ceux qui nourrissent, ceux qui freinent, ceux quâelle ne comprend pas.
On ne commente pas.
On ne justifie pas.
On trace.
Ce nâest pas une cartographie objective.
Câest une gĂ©ographie du ressenti. Une lecture des forces discrĂštes.
Ce qui apparaĂźt dans le silence des lignes
Ă la fin de lâexercice, chacun regarde sa propre carte.
Puis celle des autres.
Et lĂ , quelque chose bouge.
Pas dans les mots, pas tout de suite.
Mais dans les regards.
Une femme murmure :
âCâest la premiĂšre fois que je vois Ă quel point je ne suis pas perçue lĂ oĂč je croyais ĂȘtre prĂ©sente.â
Un homme reste longuement devant sa feuille.
Trois prĂ©noms quâil pensait proches nâapparaissent sur aucune carte.
Il ne dit rien. Mais il prend des notes.
Cartographier lâinvisible, ce nâest pas rĂ©vĂ©ler les secrets
Câest faire exister ce qui nâavait pas encore de forme.
Câest reconnaĂźtre quâun collectif, ce nâest pas juste des rĂŽles.
Câest un enchevĂȘtrement dâaffections, dâhistoires, de retraits silencieux.
Et parfois, câest lĂ , dans ce tissu discret, que le souffle peut revenir.
Accompagner le doute en collectif, ici, ce nâest pas questionner le sens.
Câest rappeler les bords vivants du lien.
Ceux qui permettent aux personnes de se situer â et de choisir, peut-ĂȘtre, de se rejoindre Ă nouveau.
đ§ Une question pour vous, qui accompagnez :
Quels liens implicites portez-vous sans les avoir nommés ?
Et si remettre du vivant, câĂ©tait dâabord oser cartographier lâinvisible ?
đ Mention finale :
Ce texte fait partie de la série La traversée du doute, en résonance avec la sortie prochaine du livre Le Gardien des Voix.
Un guide pour celles et ceux qui accompagnent sans imposer, et gardent lâespace vivant quand plus rien ne semble tenir.