🟣 Article 3 – SĂ©rie La traversĂ©e du doute- Cartographier l’invisible


Et si ce n’était pas le manque de sens
 mais la perte des liens qui engluait l’équipe ? Claire invite Ă  faire Ă©merger les affinitĂ©s, les absences, les liens vivants. L’atelier de cartographie relationnelle, simple et debout, ouvre un espace inattendu.


Il y a des cartes que l’on n’apprend pas à lire.

Des liens qui ne figurent sur aucun organigramme,
des proximités discrÚtes, des courants souterrains,
des complicités anciennes, parfois dormantes.

Claire le sait : dans ce collectif englué,
les tensions visibles masquent des alliances éteintes, des affinités oubliées, des voix non sollicitées.
Alors elle propose un exercice.
Simple. Pas intrusif. Mais puissant.


Un cercle, des noms, et des mouvements

Chaque personne reçoit une grande feuille.
Au centre, elle écrit son propre prénom.

Puis, autour, elle note ceux de ses collĂšgues.
Et trace, à sa maniùre, les liens qu’elle perçoit, ceux qui nourrissent, ceux qui freinent, ceux qu’elle ne comprend pas.

On ne commente pas.
On ne justifie pas.
On trace.

Ce n’est pas une cartographie objective.
C’est une gĂ©ographie du ressenti. Une lecture des forces discrĂštes.


Ce qui apparaĂźt dans le silence des lignes

À la fin de l’exercice, chacun regarde sa propre carte.
Puis celle des autres.

Et lĂ , quelque chose bouge.
Pas dans les mots, pas tout de suite.
Mais dans les regards.

Une femme murmure :

“C’est la premiĂšre fois que je vois Ă  quel point je ne suis pas perçue lĂ  oĂč je croyais ĂȘtre prĂ©sente.”

Un homme reste longuement devant sa feuille.
Trois prĂ©noms qu’il pensait proches n’apparaissent sur aucune carte.
Il ne dit rien. Mais il prend des notes.


Cartographier l’invisible, ce n’est pas rĂ©vĂ©ler les secrets

C’est faire exister ce qui n’avait pas encore de forme.
C’est reconnaütre qu’un collectif, ce n’est pas juste des rîles.
C’est un enchevĂȘtrement d’affections, d’histoires, de retraits silencieux.

Et parfois, c’est là, dans ce tissu discret, que le souffle peut revenir.


Accompagner le doute en collectif, ici, ce n’est pas questionner le sens.

C’est rappeler les bords vivants du lien.
Ceux qui permettent aux personnes de se situer — et de choisir, peut-ĂȘtre, de se rejoindre Ă  nouveau.


🎧 Une question pour vous, qui accompagnez :

Quels liens implicites portez-vous sans les avoir nommés ?
Et si remettre du vivant, c’était d’abord oser cartographier l’invisible ?


📎 Mention finale :

Ce texte fait partie de la série La traversée du doute, en résonance avec la sortie prochaine du livre Le Gardien des Voix.
Un guide pour celles et ceux qui accompagnent sans imposer, et gardent l’espace vivant quand plus rien ne semble tenir.