L’année 2020 verra-t-elle le réveil de l’Imago en remettant du lien et en replaçant le bon sens au cœur de nos concepts.
Agile, Lean, Design Thinking, la roue de Deming, Fail Fast, Lean start-up sont de magnifiques modèles d’ouverture pour innover, repenser son organisation, son produit ou tout simplement un rétroviseur pour s’assurer que personne ne reste sur le bas-côté.
Autant de modèles qui mettent le collaborateur au centre d’un système apprenant que doit être l’entreprise, où le client trouve une réponse adaptée et évolutive à ses besoins. Le client est à la fois le focus et le point de départ de toute solution, application, produit ou service, mais il est aussi son modérateur.
Mais voilà, lorsque nous observons ces outils 20 ans plus tard – eh oui Agile est né officiellement en 2001, il fêtera son anniversaire dans moins d’un an -, le concept est maintenant maîtrisé. Les premiers « adopteurs » ont essaimé et passent à autre chose. Pour essaimer, le concept a été réduit à son simple usage, classifié, organisé dans un processus bien huilé.. Alors l’usage se répand et enrichit les bonnes pratiques et s’installe dans nos systèmes de performance.
La philosophie oubliée, l’outil enferme celui qui l’utilise, rendant souvent stériles et improductifs les résultats obtenus car, à vouloir trop standardiser, il n’y a plus de place pour l’individu et sa créativité personnelle. L’Imago est emprisonné, chacun, mécaniquement, remplit sa tâche. Sortie de ses émotions, l’individu ne pense plus.
Alors, psst !.. Plus d’innovation, plus de simplicité, plus de changement, mais une simple procédure devenue caduque par la simple intégration d’une boîte à outils dans le système d’information de l’entreprise. Où se trouve le bon sens ?
Que s’est-il passé pour rendre le concept si prometteur inefficace ?
Eh bien demandez cela à votre cerveau gauche.
L’ensemble de nos schémas de pensées est ramené bien souvent à deux hémisphères, plus communément appelé cerveau gauche, à qui ont attribue généralement le raisonnement logique et rationnel, et cerveau droit, plutôt intuitif et émotionnel.
Le fonctionnement asymétrique de notre cerveau, dont nous avons connaissance depuis la fin du 19 siècle et que l’on retrouve sous l’appellation aire de Broca, a donné naissance à une éducation scientifique, rigoureuse visant à favoriser la recherche de la preuve (je crois ce que je vois) au détriment d’une éducation intuitive et libre (je vois ce que je crois).
J’avancerai que l’utilisation fréquente de cette partie de notre hémisphère visant à rationaliser tous nos propos a favorisé la latéralisation de notre cerveau.
Cette latéralisation, visant à rendre plus rapide les décisions, a renforcé la domination du « cerveau gauche ». L’ensemble de notre éducation a donc renforcé les filières scientifiques au détriment des autres filières. Cela nous conduit aujourd’hui à un appauvrissement de nos connexions au sein de notre cerveau.
Réhabiliter les 4 parties de notre cerveau et les inscrire dans notre corps comme étant un moyen d’innover, d’être soi en toute situation, permettrait de sortir d’un enferment de nos organisations et de nos stress respectifs.
C’est pourquoi, je propose que 2020 soit une décennie d’harmonisation de nos 2 hémisphères cérébraux afin de réhabiliter les 4 zones du cerveaux. Sortir des processus, réhabiliter notre travail, prendre plaisir et développer nos dons. A bas les masques !
Libérons notre Imago en réhabilitant toutes nos intelligences
La réhabilitation de ces 4 zones, l’acceptation des intelligences multiples permettra de renouer avec nos émotions. Cette intelligence émotionnelle est ressentie dans notre ventre. Elle est probablement la première à réagir quand on entre dans une pièce ou en contact avec une autre personne. Cette intelligence va activer une des parties de notre cerveau et déclencher notre comportement.
Plus nous accepterons de formes d’intelligence, de réponses « émotionnelles », d’abord à titre individuel, puis de notre entourage, puis dans nos organisations, plus nous saurons éradiquer des comportements inadaptés dans nos organisations.
Par exemple, l’autorité peut pour certains représenter l’ordre, pour d’autres une entrave à leur liberté. Les outils dits de changement ou d’innovation, séparés du concept, et dont le sens profond de la demande échappe au collaborateur, deviennent alors une simple demande d’exécution. C’est devenu un ordre qui déclenchera nos principes de fonctionnement habituels et annihileront notre créativité.
En fonction de son vécu en tant qu’individu, le collaborateur va accepter l’ordre reçu ou s’en démettre. Si la personne se soumet alors qu’elle aurait préférée se démettre, cela déclenchera un stress. Si ce stress est répétitif, la dépression n’est pas loin. L’individu en refoulant systématiquement sa manière de penser, sa manière d’être, détruit son Imago, se détruit.
Challenger les ordres reçus pour affirmer son Imago
En partant du principe que nous sommes égaux et volontaires pour faire le métier pour lequel nous sommes employés, exécuter un ordre sans le challenger c’est craindre de parler ou manquer de confiance en soi. Nous masquons nos émotions et enfouissons au plus profond de nous notre unicité.
Réhabilitons nos émotions pour renouer avec notre unicité. Pour cela, il faut les ressentir, les débusquer.
En détectant son émotion, comme ce pincement au ventre, nous identifierons ce signe d’inconfort ou peur qui rend nos fonctionnements automatiques. En identifiant l’objet de notre émotion, nous serons en mesure ensuite de juger si cette émotion est appropriée ou non.
Lorsque nous refrénons nos envies, que nous exécutons sans penser, et cela de manière répétitive, nous nous coupons de nous-même. Nous sommes dans le désintérêt et proche de nos peurs reptiliennes
Je vous propose ici une technique pour démasquer nos peurs et prendre en main notre Imago.
Comment désactiver nos peurs reptiliennes?
Un simple inconfort peut masquer une peur. Par exemple, une frustration répétée, déclenchera ma colère et génèrera la peur de manquer, rater… Nous considérerons que la répétition de cet inconfort est donc une peur à découvrir. Bien sûr, la peur reptilienne est parfois juste. En cas danger, par exemple, elle nous avertit bien avant que le danger soit évident. Dans un cadre professionnel, entre égaux, elle ne devrait plus être là sauf si nous choisissons d’être victime de ce lien de subordination.
Voici comment désactiver vos peurs, dites inadaptées.
- Si la peur est appropriée, fuyez et croyez en votre cerveau reptilien, il est votre meilleur allié. Mais, si la peur est inappropriée, je vous invite à respirer avec elle. Et à identifier l’endroit de votre corps, où elle se situe. Cela vous permettra de la reconnaître chaque fois qu’elle se présentera à vous. Puis déplacez-vous dans la pièce et répondez à la personne ou gérez à la situation qui a déclenché cette peur.
- La peur revient, elle se situe au même endroit . Est-elle justifiée ou non ? Si elle n’est pas justifiée, respirez avec. Identifiez ce qui provoque cette peur chez vous dans le comportement de l’autre. Déplacez-vous, répondez ou gérez la situation.
- Hors contexte, revenez sur l’endroit du corps ou cette peur a raisonné. Réchauffez-la au contact de votre main. Et raisonnez avec elle. Repensez la situation et donnez un mot à cette peur. ou simplement acceptez de dire PEUR pour la nommer.
- Lorsque la situation se reproduit, vous savez que cette peur est inappropriée. La peur est devenue consciente. Vous pouvez donc décider consciemment de la dépasser en adoptant un comportement en contre-pied. Célébrez cette victoire sur vous-même.
- Vous savez maintenant la reconnaître et que cette peur n’existe plus puisque vous avez changé votre comportement. Il reste cependant un marqueur.
Comment détruire ce marqueur, égrégore résiduel d’une situation passée?
Lorsque vous vous retrouvez dans une situation similaire, ou face à la personne qui déclenchait naguère cette peur, vous repensez à cette peur. Parfois cela se traduit par l’envie de rompre la situation, d’exprimer son ressenti, de fuir ce nouveau contexte. Alors avant de fuir vérifier ceci :
- Est-ce que je catégorise ce personnage avec une étiquette comme par exemple un manipulateur, un idiot, un irresponsable… Si la réponse est oui, alors vous êtes encore prisonnier de cette ancienne peur, dont l’égrégore perdure au-travers de la catégorisation négative du personnage.
- Alors transmutez-là en visualisant votre peur à côté de ce personnage, ou situation, et désagrégez le lien entre vous et cette peur. Détruisez aussi le lien entre votre peur et le personnage-situation. Non seulement vous avez vaincu votre peur, mais vous avez transmutez cette peur en détruisant l’association personnage-situation. Vous désamorcez ainsi naturellement sans effort toute tentative de vous soumettre à nouveau et entrez dans une collaboration efficace dénuée d’a priori sur le personnage ou la situation.
Essayez ce protocole. Le plus dur sera de reconnaître, puis de localiser sa peur. La suite vient plus simplement.
Peut-être vous faudra-t-il répéter cet exercice jusqu’à découvrir votre peur profonde, parfois masquer par une autre, pour la transmuter de la même manière. Ainsi vous deviendrez chaque fois un peu plus cet être unique assumé en libérant votre Imago.
Si vous n’avez pas de contexte peur-situation, je vous invite à voir le film « 1917 » de Sam Mendes avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, actuellement en salle. Ce film vous fera traverser des peurs profondes que nous n’avons pas connues. Identifiez les peurs ressenties par le héros du film, et ressentez si certaines sont présentes en vous, loin, loin dans votre corps. Vos maux de dos, l’envie de bouger, l’ennui, l’agacement, la colère, le pincement au ventre seront une information envoyée à votre cerveau indiquant la résonance avec le héros. Alors faites l’exercice, en localisant l’endroit un peu douloureux et voyez comment cet endroit réagit.
La légende veut que l’hémisphère gauche soit associé au 1, au Masculin. L’hémisphère droit, le 2, au féminin. C’est d’ailleurs la classification retenue en France dans nos matricules de sécurité sociale.
Je dédie cet article à l’hémisphère droit, au 2, au féminin et à cet endroit en nous où les intelligences multiples sont présentes. Puissions-nous le réhabiliter et retrouver ainsi notre pouvoir créatif, notre droit d’oser, d’être unique et accepter ainsi que chacun, comme nous-même le soit aussi, unique.
C’est aussi pour tous les hommes qui reconnaissent une part de féminin en eux… et aussi pour tous les 1, dès lors que ces derniers acceptent de voir leur émotion, et de gérer les situations en la prenant en compte même si une femme pleure dans leur bureau…
En individu unique, revenez en face de chaque outil proposés, Agile, Lean, Lean start-up, Design thinking, ou encore à chaque modèle de changement proposé, et voyez-les comme une invitation à revenir au concept, puis regardez-les par rapport aux besoins de l’entreprise. Comparez-les à vos aspirations personnelles. Acceptez ensuite d’apprendre de ces concepts et décidez ensuite lesquels sont utiles à la transmutation de vos organisations, ou à votre transmutation personnelle.
Je vous souhaite une belle décennie de réhabilitation du 2, féminin.
Cet article est le n°1 sur une série de 5. Le n°2 est Mythe ou Réalité : les entreprises veulent-elles vraiment d’une horde d’entrepreneurs?
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Auteure : Dominique popiolek-Ollé, Transmutation leader, Agile Executive Coach, Fondatrice de In Imago, conseil en management et transformation disruptive.