Monde en crise trois pistes pour Manager différemment

Manager différemment face à un monde en crise est-ce possible ? A quels enjeux l’entreprise est-elle confrontée ? La transformation managériale est-elle possible ? Quelles pistes s’offrent à nous pour construire sa démarche managériale ?

Le monde contemporain fait face à 5 enjeux majeurs que sont :

  • Les changements climatiques
  • La croissance de la population et l’aggravation des fractures sociales
  • L’environnement et le développement durable
  • Les évolutions économiques et géopolitiques
  • L’information et de la transition numérique

L’entreprise est le témoin de ces mutations profondes tant sur le plan énergétique, économique, éthique et sociétale. Comment peut-elle faire face à ces enjeux ?

  • En quoi la crise du monde concerne-t-elle l’entreprise ? Comment l’organisation managériale peut-elle être responsable ?
  • Que faire pour guider le manager dans la bonne direction (si elle existe)?
  • Comment faire sens du monde actuel et participer activement aux transformations de son entreprise tout en accompagnant ses collaborateurs ?
  • A quelles résistances sommes nous confrontées ?
  • Quelles pistes explorer ?

Comment ce monde en crise est pris en compte en entreprise ?

Environnement et développement durable

La commission européenne challenge l’entreprise dans sa mutation, en les invitant à exposer leur politique environnementale – Responsabilité Sociétale et environnementale dans un guide pratique obligatoire dans lequel elle décrit « l’intégration des préoccupations sociales et environnementales dans ses activités commerciales et ses relations avec les parties prenantes ».

L’entreprise est invité à challenger sa structure organisationnelle, sa structure managériale, ses systèmes d’informations, ses processus métiers, la culture de l’entreprise elle-même, et son rapport au travail et à l’éthique.

Face à sa responsabilité sociétale, l’organisation managériale doit prendre des mesures pour gérer la crise et gérer son impact tant sur le plan environnementale, que sociétale, voir même éthique.

Elle interroge les parties prenantes, les collaborateurs, ses partenaires et ses clients pour intégrer dans son offre de services une réponse responsable tant sur le plan sociétale qu’environnementale.

Information et transition numérique

L’aboutissement de travaux majeurs autour des techniques du numérique montre que l’évolution des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est liée :

  1. d’un côté à l’ usage et l’appropriation de ces technologies par l’humain par les humains,
  2. d’un autre côté au périmètre fonctionnel qu’elles couvrent et à la performance technique qu’elles réalisent au sein des organisations,
  3. et de leur impact aux quotidiens sur les enjeux sociétaux et environnementaux que l’entreprise tente d’adresser.

Cette vision tridimensionnelle questionne et rend “précaire” la notion même du travail. Nos modes de vie, de pensées, et même notre libre arbitre sont heurtées par ses bouleversements.

Pourquoi prendre le tournant de la transformation managériale ?

Le management a longtemps été basé sur l’idée d’une hiérarchie très verticale. Mais on commence à penser autrement… » Patrice Ras confirme« Il y a encore des entreprises avec un mode de management très paternaliste, voire basé sur la terreur, témoigne ce consultant en entreprise. Mais à côté de cela, il y a aussi des entreprises très en avance et très ouvertes à de nouvelles réflexions sur le bien-être de leurs salariés. Elles ont aussi compris que des salariés épanouis étaient 30 % plus efficaces… ».

Pour faire face à la crise et aux enjeux qui en découlent

L’exigence d’une meilleure collaboration entre les applications, les processus, les parties prenantes est souvent appelée la composante « sociale » de la transformation numérique.

Les applications sont de plus en intelligentes et intègrent désormais des fonctions d’expériences utilisateurs où les inspirations sont interprétées par le logiciel en vue de simplifier ou d’effectuer directement la tâche pour l’utilisateur.

L’application est ainsi conçue pour regrouper les éléments d’une même chaîne de valeur, faciliter la collaboration entre les personnes et les outils afin d’accomplir de manière transparente pour l’utilisateur des tâches mutuellement partagées.

De la même manière, les organisations se dotent d’API pour faciliter l’interopérabilité des systèmes d’entreprises et évoluent vers une infrastructure numérique plus connectée qui nécessite une modification en profondeur la manière de produire. Le travail est coopératif et intuitif.

Chacun est invité brutalement à prendre conscience de la nature, de notre rapport aux autres, de notre rapport au travail.

Le management est délégataire des décisions de l’entreprise. Il questionne les équipes, comme les parties prenantes sur l’impact des évolutions numériques ou environnementales au quotidien.

Quel en est l’impact sur la structure managériale ?

Le management se retrouve avec de nouvelles responsabilités qui ne sont plus imposés par le métier ou la direction de son entreprise mais par l’environnement technologique, social et économique.

La structure managériale est invitée à rechercher de nouvelles postures pour accompagner ses équipes à innover . Les pratiques de management deviennent collaborative, coopérative.

Le leader est inciter, inviter à challenger l’organisation du travail et à intégrer dans ses pratiques la notion de sens, de missions, et d’impact.

Pour accompagner ses équipes vers plus d’autonomie, manager différemment est un passage obligé.

Alors que faire pour guider le manager dans la bonne direction (si elle existe), faire sens du monde actuel et participer activement aux transformations de son entreprise tout en accompagnant ses collaborateurs ?

Dans mon livre Manager autrement, je décrivais les héritages du passé dans les organisations et les signaux inéluctables au changement comme une invitation à se mettre en action.

L’intraprenant est acteur conscient des changements structurels. Il prend des décisions impactantes qui influe sur le futur de la posture managériale. Sera-t-elle régressive ou évolutive ?

Vous trouverez ci dessous une synthèse actualisée pointant les résistances à la transformation managériale et trois pistes à explorer pour se mettre en chemin, s’ouvrir à une évolution de notre système capitaliste vers un système ouvert, autonome, intrapreneur. Une manière bien sûr de manager différemment!

Quels sont les rôles historiques du chef d’équipe ?

  1. Commander : Évidemment, dans une approche production, le chef des opérations est là pour maintenir la cadence, inciter à l’augmentation de la production, rappeler les règles et faire respecter la discipline, exactement comme le modèle hiérarchique de l’armée. Basique.
  2.  Planifier : Rien ne doit surprendre la production ni empêcher d’atteindre les quotas prévus par la direction. En suivant les règles de la roue PDCA de la qualité de Deming : il faut commencer par Planifier avant de pouvoir Réaliser, Contrôler et Ajuster. Simple.
  3. Contrôler : En reprenant la partie « contrôler » de la roue de Deming, la quête du « zéro défaut » s’obtient par un contrôle minutieux du niveau de conformité et des règles établies. Et logiquement, le mieux placé pour contrôler est celui qui a un diplôme supérieur à celui qu’il encadre ou celui qui est lui-même issu du rang et a été récompensé pour ses résultats ? Simple
  4.  Segmenter : Effet logique, la division du travail empêche la collaboration transversale et renforce l’influence du chef. La production étant au centre de l’activité, quelqu’un ayant une compétence précise restera à ce poste pour ne pas risquer de perturber l’organisation. Basique.

Quels sont les principales évolutions de ce rôle ?

Manager différemment consiste à décider de ne plus être un chef exemplaire, rigoureux et responsable des résultats de l’équipe. Mais de créer un environnement où chacun est en mesure de développer son plein potentiel.

L’authenticité, l’émotion ou l’autonomie des employés sont les vecteurs de succès de la transformation managériale.

La transformation managériale ici est un cheminement plus qu’une méthode. C’est un cap à suivre pour aider toute personne disposant des responsabilités d’encadrement à se développer en conscience.

Manager différemment c’est prendre conscience qu’un monde en crise est un paradoxe. Nous vivons vivons désormais dans un monde du « ET » dans lequel :

  • chômage ET pénurie des talents coexistent,
  • un collaborateur peut être enchanté par son expérience professionnelle ET chercher activement un autre emploi,
  • un équilibre de vie privée/pro ET un emploi passionnant sont indissociables
  • on souhaite être autonome ET être rassurer sur son avenir par son encadrement.

Quelles sont les résistances à Manager différemment?

Afin d’atteindre l’agilité commerciale, les entreprises cherchent à augmenter leur capacité à fournir des produits et services innovants. Elles recherchent une culture client pertinente et omnicanal afin de s’assurer qu’elles créent les bonnes solutions pour les bons clients au bon moment tout en équilibrant son objectif d’exécution et de production avec son fonctionnement interne.

Cette volonté crée normalement des opportunités d’adapter son management et d’opter pour un leadership durable pour créer les bases d’une entreprise autogérée où les intraprenants (les collaborateurs, les clients et les fournisseurs sont parties prenantes dans l’élaboration du produit formant une organisation harmocratique où s’ expriment pleinement les potentiels. Le travail collectif, la collaboration et l’implication de chacun est vecteur de succès. 

Dans ce cadre où tout s’accélère, le manager opérationnel doit dépasser son rôle d’encadrant et participer à cette transformation managériale pour aider ses collaborateurs à faire face au cortège de contraintes, d’inquiétudes, d’espoir et de remise en question qui les accompagnent.

Cependant la cadence de livraison, les objectifs individuels et la quête du pouvoir sont autant de résistances à une évolution des systèmes organisationnels. La dichotomie entre les attentes des managers et les aspirations des collaborateurs freinent la mise en place d’une organisation en réseau interconnecté, organo- intuitive.

Le leader est malmené entre son envie de manager différemment et ses obligations historiques de rendre compte. C’est en ce sens qu’une résistance s’installe, ramenant parfois les managers à revenir à un management autocratique. Bienveillant, cela s’entend.

Exemple 1 :

La série Squid Game a captivé l’imagination des spectateur·rice·s du monde entier parce qu’elle reflète une anxiété croissante face au logement cher, l’endettement, la concurrence accrue entre les individus, l’insuffisance des bons emplois, la perte de sens au travail, la surveillance numérique et toutes sortes de choses qui ne touchent pas que les Coréens. Squid Game est une œuvre universelle qui révèle tout ce qui ne va pas dans le travail, alors que nous passons d’un paradigme (industriel) à un autre (numérique).

Exemple 2 : Le retour de l’autocratie

Huit mois après la parution de mon livre, et après trois années COVID, mes derniers accompagnements en tant que Coach d’entreprise, m’invite à penser que nous allons vers une régression ou managers et collaborateurs pensent leurs plaies.

Les collaborateurs s’enfoncent dans un mutisme forcenés. Les managers au pied du mur reviennent au taylorisme en pointant les tâches à faire. Les managers compensent le silence des salariés en entrant dans une logorrhée verbale incessante qui s’opposent à la mise en œuvre de nouveaux modèles d’organisations plus ouverts. Ils ornent leur discours de mot agile sans comprendre que l’Agilité est Oser jouer la carte du changement en donnant la chance aux collaborateurs de proposer de nouveaux systèmes de production, ou le client est partie prenante.

Dans un courriel à mon management, j’ai remonté les points suivants, dont je met ici la version intégrale (la version transmise est à droite uniquement, les éléments émotionnels en sont exclus) :

 Bonsoir,

 

Je suis désolée pour notre réunion d’hier car devant l’étendue des choses que vous aviez à me partager pour faire face aux difficulté de vos équipes, nous n’avons pas aborder le vrai sujet. Celui qui me tiens à cœur.

Je n’ai aucunement l’intention de vous heurter. Vous êtes tous trois  engagés, motivés et entiers. Mais depuis que je suis rentrée chez XXX je me sens dans l’obligation de sonner des alertes, et de dénoncer des évidences : les éléphants dans une pièce que l’on ne voit pas… tellement focalisé nous sommes sur un but à atteindre : celui d’une agilité tant espérée.

 

L’image du train qui ne s’arrête jamais , que je vous ai présenté hier et, qui laisse sur le carreau des gens épuisés avait pour objectif de vous faire réagir. Mon but n’était pas de forcer la relation et  de maintenir une cadence sur les actions Agiles à lancer mais bien de vous inviter à prendre du recul.

 

Chaque personne rencontrée, chaque équipe ont envie d’apprendre de nouvelle chose, et s’en font une joie : l’Agile est généralement une opportunité pour eux de se faire entendre et de suggérer des modifications. Ici, les gens annulent et repoussent ce qui leur fait plaisir de mettre en œuvre. Et souvent ils se taisent, laissant passer le train… Les plus engagés maintiennent un rythme minimum et jongle, en équilibre entre le monde projet et le monde digital dont ils doivent appréhender toutes les subtilités.

 

Ce que je voulais  mettre en lumière ici, c’était  la dichotomie entre ce que perçoivent les équipes et ce que perçoit le management. Je parle ici d’épuisement mental des équipes.

 

Vous, et vos équipes,  avez faits des merveilles.  Oui, la transformation avance.  Le discours de chacun de vous, de chacun d’entre nous est plus clair et la vision se partage plus aisément avec les équipes. Mais on est au milieu du gué.

 

Soyez vigilant :

Lorsque l’on sort l’organisation, on a fini de notre côté (côté managers) la part de notre job. Et on peut en être fiers. Les équipes ont envie d’y croire et de s’engager.  Mais si l’idée se précise, et se dessine concrètement dans l’esprit de chaque collaborateur, il doit se l’approprier et se mettre en mouvement. Le management doit soutenir leur effort et entendre leurs signaux d’alerte et, être prêt à entendre certaines vérités.

 

En tant que managers, vous avez livré la valeur attendue : une organisation. Mais pour vos équipes,  la valeur attendue n’est pas encore livrée. Laissez leur le temps de l’appréhender et de la générer. Et dites-le aussi à vos métiers, ils demandent tout autant qu’eux, à reconsidérer la manière dont leur est livré les systèmes applicatifs qu’ils utilisent chaque jour. Ils sont autant que vous attaché à voir tenues les promesses du digital.

 

Je voulais indiquer hier soir, que lorsque le travail d’organisation est terminé, commence le vrai rôle de manager : soutenir ses équipes dans la mise en œuvre. C’est dans mon livre  « Manager autrement » la notion fondamentale de RESTE, règles que je préconise à chaque manager pour remettre l’humain au centre de toute relation : RESTE-  Ralentir, Ecouter, Soutenir, Transformer, Evoluer.

Ce que je voulais  mettre en lumière hier soir avec l’image du train à grande vitesse qui ne s’arrête jamais  est l’épuisement mental des équipes.

 

Soyez vigilant.

Je vous propose ici quelques règles pour

·         Redonner de l’espace à vos équipes :

–          Lorsqu’un collaborateur vient vous voir avec un problème, il a souvent des idées à exposer qu’il veut confronter avec vous.  Pensez juste à  poser la question et toi, comment ferais-tu ?

–          Donnez à vos équipes, l’occasion d’être fiers, appuyez-vous sur leur force sans relever leur faiblesse.

–          Proposez-leur des processus d’escalade (pas des solutions à leur problème ) fonctionnels pour qu’ils puissent remonter sans censure les véritables irritants .

–           Apportez leur les expertises et soutient dont ils ont besoin pour solutionner directement ces irritants en bousculant les règles établies.

·         Recréer la confiance avec vos métiers :

–          Osez changer la relation avec les métiers  en regardant comment ils utilisent les écrans et en proposant une expérience utilisateurs de bout en bout. C’est la base d’une négociation équilibrée basée sur le mode capacitaire d’une équipe à faire. C’est la base de tout partenariat durable.

–          Prenez le temps de demander à vos métiers, comment ils utilisent les applications.  Un changement radical comme vous venez de le faire au niveau organisationnel doit embrayer sur une analyse des processus métiers et de la valeur livrée afin d’ajuster l’organisation au plus près des exigences métiers.

 

·         Et avec votre coach :

–          Lorsque j’apporte un sujet de brainstorming ou une métaphore, vous pouvez aussi vous arrêter, marquer un silence et, me retourner  la question : et toi, qu’est-ce que tu ferais ?

 

Ralentir, c’est juste prendre le temps d’écouter le point de vue de l’autre. Puis de confronter positivement les divergences entre les deux points de vue pour aligner les actions.

 

En résumé :

 

Le point positif est que les équipes sont prêtes à se mobiliser. Apprenez à leur redonner de l’autonomie en ne répondant pas à leur place. Osez les mettre en avant en leur donnant des ailes pour mettre en place les solutions qui rendrait leurs activités plus confortables.

Je n’ai pas de solutions miracles, je sais juste que vos équipes, elles en ont.

 

 

Merci de votre attention

Ce courriel est resté lettre morte. Les valeurs de bienveillance et de soutien sont affichées mais elles heurtent le pouvoir de commander. La fragilité des équipes renforcent le côté directif des managers car cela donne un cadre clair à l’action.

Le fameux équilibre et surtout la séparation entre vie personnelle et vie professionnelle ont été pour le moins perturbés lors de la période de confinement, et ensuite avec le maintien partiel ou total du travail à distance.
Notamment celles et ceux qui ont des temps et conditions de transport pénibles pour se rendre sur leurs lieux de travail voient un réel avantage, y compris financier, à travailler à distance. L’expérience du travail à distance a été un révélateur de la possibilité de l’organiser. Dans beaucoup de métiers et d’entreprises il a été constaté que non seulement la productivité ne baissait pas, mais que dans plusieurs cas, les décisions se prenaient plus vite et mieux.
Bien sûr il y a eu des cas pour lesquels le travail à distance n’a pas été et n’est toujours pas un long fleuve tranquille : connexions difficiles ou instables, espace et outils de travail inadaptés

Qu’est-ce qui a le plus changé ?

 Les réunions, dans leur nombre et leur durée, mais aussi dans leur efficacité.
 Les discussions de couloir, la baisse de l’audience de radio-moquette.
 Le contrôle par la présence.
 Paradoxalement, pour beaucoup, moins de mails et de SMS.
 Les relations et en particulier celles entre managers et managés, qui ont dû se renouveler, car en « distanciel » la relation est évidement différente du présentiel.
 Le rapport au temps et aux horaires.
 Les rythmes de travail.
 L’écoute et le dialogue.
 L’évidence du besoin de bien se comprendre pour travailler ensemble.
 La confiance
 Les gains de temps par élimination des temps perdus en « vétilles de bureau » .

De fait et encore paradoxalement, le travail à distance a rapproché beaucoup de personnes. La distance crée des liens que la présence ignore et efface des inconforts que la présence augmente.

Trois pistes à explorer pour faire face à un monde en crise

Manager différemment va permettre aux managers d’expérimenter de nouvelles voix. Voici trois pistes pour vous aider à prendre ce cap.

Piste #1 Créer un environnement favorable

La psychologie et la compréhension du comportement humain sont des atouts indéniables pour créer un environnement favorable à l’éclosion de nouveaux modes de production. Cela facilite l’émergence d’une organisation qui s’affranchit des normes et des procédures, pour favoriser la prise de décision rapide, à l’analyse d’une situation complexe dans des délais courts, à résoudre un problème mal posé, à se servir d’une information ambiguë ou incomplète, et bien sûr à gérer avec succès une situation inédite.

Les neurosciences (Arthur Koestler, David Eagleman, Michael Ray, Antonio Damasio…) apportent un fondement scientifique évolutif mais incontestable au rôle de l’intuition dans la création de valeur. Elle libère la créativité par la levée des connexions habituelles ou des contrôles intellectuels et par le glissement vers un équilibre mental plus primitif. Un déclic fulgurant permet au cerveau de tirer des informations à notre insu et donne accès à des éléments inaccessibles par la pensée rationnelle ou déductive. Nos cinq sens construisent notre réalité, l’intuition est un sixième sens, dominé par le subconscient, qui nous ouvre les yeux comme une boussole et qui n’est pas moins valide ni plus faillible que les cinq autres.

RESTE

RESTE dans mon livre est une proposition pour cheminer et construire cet environnement favorable, à l’éclosion de l’intelligence collective, nous devons Ralentir, Ecouter, Soutenir, Transformer, Evoluer- RESTE

Manager autrement  RESTE Ralentir Ecouter Supporter Transformer Evoluer
RESTE- un cheminement pour manager différemment

Ecouter par Jacques Salomé

Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me donner des conseils, je ne me sens pas entendu.
Quand je te demande de m’écouter et que tu me poses des questions, quand tu argumentes, quand tu tentes de m’expliquer ce que je ressens ou devrais pas ressentir, je me sens agressé.
Quand je te demande de m’écouter et que tu t’empares de ce que je dis pour tenter de résoudre ce que tu crois être mon problème, aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens encore plus en perdition.
Quand je te demande ton écoute, je te demande d’être là, au présent, dans cet instant si fragile où je me cherche dans une parole parfois maladroite, inquiétante, injuste ou chaotique. J’ai besoin de ton oreille, de ta tolérance, de ta patience pour me dire au plus difficile ou au plus léger.
Oui. Simplement m’écouter… sans excuse ou accusation, sans dépossession de ma parole.
Écoute, écoute-moi. Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter. Au plus proche de moi. Simplement accueillir ce que je tente de te dire, ce que j’essaie de me dire. Ne m’interromps pas dans mon murmure, n’aie pas peur de mes tâtonnements ou de mes imprécations. Mes contradictions comme mes accusations, aussi injustes soient-elles, sont importantes pour moi.
Par ton écoute je tente de dire ma différence, j’essaie de me faire entendre surtout de moi-même. J’accède ainsi à une parole propre, celle dont j’ai longtemps été dépossédé.
Oh! non je n’ai pas besoin de conseils. Je peux agir par moi-même et aussi me tromper. Je ne suis pas impuissant, parfois démuni, découragé, hésitant, pas toujours impotent.
Si tu veux faire pour moi, tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation et peux être renforce ma dépendance.
Quand je me sens écouté, je peux enfin m’entendre.
Quand je me sens écouté, je peux rentrer en reliance. Établir des ponts, des passerelles incertaines entre mon histoire et mes histoires. Relier des événements, des situations, des rencontres ou des émotions pour en faire la trame de mes interrogations. Pour tisser ainsi l’écoute de ma vie.
Oui ton écoute est passionnante. S’il te plaît écoute et entends-moi.
Et si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant que je puisse terminer et je t’écouterai à mon tour, mieux, surtout si je me suis senti entendu…
Attribué à Jacques SALOME

Piste #2 co-développer

Le co-développement consiste à donner à chacun l’opportunité d’exprimer ses idées et d’être challenger et accompagner par ses pairs dans leurs mises en œuvre. Ainsi de manière tournante chacun se retrouve acteur, concepteur, promoteur, réalisateur des projets et ainsi construire pas-à-pas les bases d’une organisation réflexive.

Les communautés de pratique offrent le cadre idéal pour communiquer de manière plus large, favoriser l’apprentissage collectif et bénéficier de l’expérience de ses pairs. Elles sont au cœur des phénomènes de croissance que certains appellent l’intelligence collective (BALMISSE). Mais elles permettent également d’avoir d’autres bénéfices, Jean-Yves PRAX (Le manuel du knowledge management, DUNOD, Paris, 2019) les a regroupés dans un tableau avec les bénéfices court terme et les bénéfices long terme pour l’entreprise et pour le collaborateur/manager. Nous vous partageons ce tableau :

 Valeurs court termeValeurs long terme
Bénéfice entreprise-Accroit la productivité-Lieu de résolution des problèmes, de réponses aux questions et d’optimisation des décisions-Ressources pour la mise en œuvre de stratégies-Favorise la synergie et la transversalité entre les structures-Encourage la prise de risque-Accroît la position concurrentielle-Capacité à exécuter un plan stratégique-Capacité accrue à répondre au client-Pérennise les talents-Capacité à lancer des nouveaux projets-Forum de benchmarking-Alliance stratégique basée sur la compétence-Anticipation des développements technologiques ou marchés
Bénéfice salarié-Optimise la relation de connaissance/travail-Donne de la perspective aux problèmes quotidiens-Accroît la confiance dans sa propre façon de faire-Plaisir de partage avec des collègues-Sentiment d’être reconnu-Donne du sens à l’action-Contribue au développement personnel-Plateforme pour développer les compétences et l’expertise-Réseau pour rester en veille sur un domaine-Permet de développer une réputation professionnelle-Employabilité-Identité

Quoi de plus efficace pour apprendre à gérer des situations difficiles que de partager avec des pairs confrontés à des situations de même type ? Plus qu’un long chapitre théorique sur la gestion des conflits, des incidents, des projets en entreprise; l’échange sur des actions très concrètes est parfois beaucoup plus efficace. Cet apprentissage sera d’autant plus fort si à la séance suivante un des participants fait un retour sur ce qu’il ou elle aura mis en pratique depuis la dernière rencontre : un participant aura mis en pratique une nouvelle approche, mais tous les autres auront appris en même temps que lui ou elle.  

Enfin, l’échange entre pairs confère une certaine légitimité à la parole, car elle est transmise par une personne qui vit les mêmes réalités terrain que nous.

L’apprentissage entre pairs ne s’improvise pas

Même si l’idée est assez simple, la mise en pratique de l’apprentissage entre pairs nécessite le respect de certaines règles :

​- Formez un groupe de pairs : identifiez des personnes qui souhaitent échanger avec des pairs, pour partager des connaissances et apprendre des autres. Il est important que les membres du groupe soient motivés, homogènes par le rôle qu’ils jouent dans l’entreprise et prêts à se rendre disponibles dans la durée. Par ailleurs, nous vous recommandons de limiter le nombre de participants à six personnes pour assurer la bonne dynamique de l’échange.

​- Identifiez un animateur : pas toujours simple de s’improviser animateur d’une séance d’apprentissage entre pairs. Et pourtant il est essentiel qu’une personne soit garante du cadre et du tempo. Peut être que dans un premier temps vous pouvez faire appel à un facilitateur externe, puis progressivement chaque membre du groupe prendra le relais.

– Créez un moment de rencontre et choisir un lieu : ne choisissez pas le lieu au hasard, trouvez un cadre informel qui permettra de libérer la parole. De même, veillez à placer les participants en cercle comme dans une conversation. Cette disposition permettra à chacun d’être à une place égale, de se faire face et de se sentir à l’aise pour s’exprimer.

– Choisissez un sujet : le choix des sujets fera toute la différence, il vous faut une thématique (préoccupation, problème) qui intéresse tout le groupe, qui soit actuelle et réelle. 

  • elle peut être très précise : étude d’un cas, où chacun donnera des suggestions pour résoudre le problème
  • ou au contraire plus générique : retours d’expériences ratées ou réussies, inspiration pour le futur, où chacun donnera sa vision du sujet

– Animez la séance : il faut proposer des règles simples de temps et de structure afin de garantir l’efficacité des échanges. Déterminez une durée (5/10/20 minutes) dont chacun disposera pour partager une connaissance (expertise, retour d’expérience, inspiration, challenge). Veillez à respecter le temps et le rôle de chacun. Avec une durée limitée, les participants sont amenés à aller à l’essentiel, ainsi, tous contribuent de manière égale aux échanges et c’est bien là tout l’intérêt ! Les plus à l’aise dans la parole devront synthétiser leurs idées, les plus discrets pourront se faire entendre.

– Ne négligez pas la conclusion : pensez à bien dédier un temps où chacun partagera ce qu’il souhaite mettre en œuvre suite à cette rencontre. En effet, le but de ces échanges est bien de changer la manière de faire les choses et la manière de les percevoir.

Dans les entreprises très hiérarchisées, organisées en silos, avec une forte compétition entre les différents départements, il peut parfois être compliqué de mettre en place des échanges entre pairs. En effet, le manque d’esprit d’équipe et la peur du jugement peuvent être des freins tout à fait légitimes. Un bon moyen de contourner cet obstacle est d’organiser des échanges avec des managers qui ne sont pas dans votre périmètre direct, des managers avec lesquels il n’y a pas d’enjeux. ​​

Pour établir les bases d’une organisation collective, et co-développer avec son équipe, le manager va devoir renoncer à ses attributs de pouvoir, que beaucoup considèrent comme un acquis social.

Pour cela, manager différemment va nécessiter de comprendre que lorsque les relations et les situations changent il est nécessaire de changer les approches pour faire évoluer la situation.
2- Intégrer les évolutions sociologiques et culturelles, plutôt que de s’enfermer dans sa citadelle.
3- Tordre le cou aux stéréotypes managériaux du passé et à ceux du présent, en premier lieu les expressions commençant par « Les jeunes à présent ne… » , « Les nouvelles générations… » .
4- Maîtriser les bases du management diplomatique et les appliquer. Le management diplomatique est à l’opposé du management martial. Ce dernier a eu ses heures de gloire, inspiré par le discours guerrier face à la concurrence notamment. Il inclut l’art de la concertation, l’art de la décision, l’art de la considération… distinguée et l’art de la maîtrise du temps et des rythmes. Il apparaît de plus en plus que le « manager diplomatique » développe une approche de leader, d’éclaireur, de conseiller, de stratège. Il sait que la seule (vraie) autorité est celle que l’on vous confère, vous concède et vous accorde. Il sait que la patience est la clé de l’urgence.

Piste #3 Prendre le temps

Faire émerger, réhabiliter l’intuition nécessite de prendre le temps… pour méditer, écouter ses sensations, dominer ses émotions, apprendre le calme, ralentir et même s’amuser… Autant dire un luxe que peu d’organisations sont prêtes à offrir à leurs salariés. Pour l’instant… Le management intuitif est une science prometteuse qui invite à reconsidérer l’ensemble de nos organisations comme des systèmes connectés et à explorer tous les champs des possibles.

Manager différemment est une manière de se remettre en question, de revisiter sa posture et ses compétences managériales. C’est une manière de rester dans le coup et de s’adapter à un monde en constante évolution.

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